DE HENRI III. [l578]                         l6l
pelle de Bourbon, étant le Roy suivi' de ses jeunes mignons, autant et plus braves que lui. Bussy d'Am­boise C1), le mignon de Monsieur, frere du Roy, s'y trouva à la suite de M. le duc son maître, habillé tout simplement et modestement, mais suivi de six pages vêtus de drap d'or frisé, disant tout haut que le tems étoit venu que les belistres seroient les plus braves. De quoy suivirent les secrettes haines et querelles qui pa­rurent bientôt après.
Le vendredy 10, Bussy, qui le soir du jeudy pré­cédent , au bal qui tous les soirs en la grande salle du Louvre se faisoit et continuoit depuis les Roys, avoit pris querelle avec Grammont, envoya à la porte de Saint Antoine trois cens gentilshommes bien armés ct montés; et Grammont autant de mignons et partisans du Roy, pour là y démêler leurs querelles à toute ou­trance. Or furent-ils empêchés de se battre, par exprès commandement du Roy ce matin; nonobstant lequel commandement Grammont, bien accompagné, alla l'après-dîner rechercher Bussy en son logis, ruë des Prouvaires, où il s'efforça d'entrer, et y fut, par quel­que espace de tems, combattu entre ceux de dehors et ceux de dedans. De quoy le Roy averti envoya le ma­réchal de Cossé et Strozzy (a), qui emmenèrent Bussy au Louvre, aussi-tot après fut amené Grammont par expres commandement du Roy; et le lendemain matin furent mis d'accord, par l'avis des maréchaux dc Montmorency et Cossé.
(0 Bussy Jf Amboise : Lonis de Germont, dit Bussy d'Amboise. Il se faisoit nn plaisir de braTer dans tontes les occasions les mignons dn Roy, qui manqnoient sonrent de respect au duc d'Anjou. — (*) Strozzy : Philippe Strozzy étoit fils de Pierre Strozzy, maréchal deFrance. Après la mort de d'Andelot, il fut colonel de l'infanterie. 45.                                                              ii
Digitized by